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Interview | Laurent Peyronnet, Auteur de la Saga de Magnus

Découvrez notre interview de Laurent Peyronnet, spécialiste du Grand Nord Scandinave et auteur de romans comme la Saga de Magnus. Il est guide en Norvège, suède, Finlande et au Danemark depuis 1996.

Laurent, pouvez-vous vous présenter ?

Je suis auteur de romans, de contes et de nouvelles. J’ai commencé, il y a longtemps maintenant, par animer des ateliers d’écriture pour les bibliothèques, les centres de quartiers, les comités d’entreprises et les écoles. C’était passionnant. Au milieu des années 90, sur la proposition d’animer des ateliers d’écriture en Russie, je suis parti pour une série de croisières entre Moscou et Saint-Pétersbourg qui ont donné naissance à plusieurs récits collectifs. Au détour de mes navigations, j’ai découvert la Norvège et je me suis passionné pour la culture scandinave. Du coup, à partir de 1996 et jusqu’en 2012 j’ai voyagé dans cette région du monde, chaque année entre trois et six mois, de la Norvège à l’archipel des Spitzberg en passant par la Suède, le Danemark, la Finlande, en deçà et au-delà du cercle polaire arctique. Durant ce temps je n’ai jamais cessé de remplir mes carnets de notes, d’impressions, d’idées. J’ai tiré de mes voyages une expérience et une connaissance du monde nordique qui nourrissent abondamment mes livres. Aujourd’hui installé en région lyonnaise, je me consacre à l’écriture et anime des conférences sur l’histoire scandinave, ses mythes et ses légendes.

Qu’avez-vous fait pendant ces 15 années dans le Grand Nord ? Vous étiez déjà écrivain ?

J’ai écrit un premier recueil de nouvelles vers 1990, puis j’ai fait des chansons et je suis revenu à la nouvelle et aux contes. C’était avant les voyages. Lorsque j’ai pris la route en 1996, je n’ai pas pour autant cessé d’écrire. J’ai publié en 2000 chez Zinc-éditions une nouvelle policière sous forme de cartes postales. C’est une histoire sinistre et drôle de mafieux qui se poursuivent autour des capitales de la Baltique, ça s’appelle « Amère Baltique. C’était un projet très original que j’ai eu beaucoup de plaisir à écrire, en compagnie de Fred Moret pour les photomontages des cartes postales. Dans les intervalles entre mes voyages en Scandinavie, j’aimais aussi beaucoup l’ambiance d’un petit bistrot à Ivry-sur-Seine dans lequel une quinzaine d’amoureux de la plume se réunissaient chaque mercredi sous l’égide d’Allain Leprest pour écrire des chansons. Pour rien au monde, sauf le Grand Nord, je n’aurais raté ces rendez-vous. Quant à ce que j’ai fait durant ces 15 ans en Scandinavie et bien , j’y ai exercé le métier de guide, pour tous types de public, des ados aux vieillards en passant par des profs de fac , des comités d’entreprises ou des scientifiques, dans tous types de configurations : voyages en bus, en avion, en bateau. Ballades à Ski, raquettes, motoneige, chiens de traineaux, excursions à bord de brise-glaces. L’été je circulai sur l’ensemble de la péninsule, de Stockholm à Oslo en passant par Helsinki, le Cap Nord et les iles Lofoten. L’hiver, je m’installai sur un site en Laponie d’où j’organisai et accompagnai des excursions quotidiennement. J’accordais aussi beaucoup de temps à mes lectures. L’histoire des peuples et des sociétés me passionne. Chaque année j’essayai d’apporter quelques nouvelles connaissances, quelques nouvelles réflexions sur les cultures nordiques. Et je prenais des notes… pour mes futurs livres.

Laurent Peyronnet dans le Grand Nord
Laurent Peyronnet dans le Grand Nord @Laurent Peyronnet

Vous avez dû vivre de belles aventures ? Pouvez-vous en citer une, drôle et en Norvège de préférence ?

J’étais un jour sur un bateau de la compagnie Hurtigruten. Nous remontions la côte vers Tromso, il faisait grand soleil. Parmi les passagers qui voyageaient avec moi, il y avait une Italienne très sympathique. Elle avait le visage bronzé et surtout très buriné, car c’est quelqu’un qui avait beaucoup vécu à l’ air libre. Elle avait aussi un franc-parler légendaire et fumait le cigarillo. Durant la navigation, je la vis sur l’un des ponts, accoudée au bastingage et prenant des poses face à une nuée d’Asiatiques qui la mitraillaient avec leurs appareils photo. Quelque peu surpris,-je regardais la scène et lorsque les photographes furent partis, je lui demandais le pourquoi de la chose. Elle me raconta alors le fin mot de l’histoire : elle fumait tranquillement son cigarillo lorsque ces gens vinrent lui demander si elle était samie. Elle trouva la question si drôle qu’elle répondit « oui » sans hésiter. Et c’est ainsi que ces braves gens immortalisèrent une Lapone de Naples. Elle me raconta ça et éclata de rire ce en quoi je l’accompagnais sans retenue.

La Norvège est encore très présente dans ce 5e livre, pourquoi ?

Parce que ce pays a de très beaux contes qui sont malheureusement assez méconnus en France, ce que je trouve dommage. Askeladen est l’un, si ce n’est LE plus célèbre d’entre eux, l’équivalent d’Ysengrin et Goupil pour la France. C’est un conte que j’ai toujours aimé raconter : il est très visuel, théâtral. Il suggère de grands gestes comiques parce que terriblement maladroits de la part du monstre et propose une alternance très drôle entre la grosse voix du troll et la petite voix de l’enfant, un peu comme le dialogue de Goldenberg et Schmuyl dans les tableaux d’une exposition de Moussorgski, qui provoque la bonne humeur. Chaque petit norvégien a entendu cette histoire, racontée de génération en génération. Quand vous en parlez à quelqu’un là-bas, ce conte évoque toujours de joyeux souvenirs d’enfance et un grand rire !

Laurent Peyronnet
@Laurent Peyronnet

Puisque nous sommes un site dédié à la Norvège, quel est pour vous le plus bel endroit en Norvège ?

Je le dis souvent, pour moi, c’est l’île de Magerøy en été. Pas le cap Nord lui-même qui est très pollué par le tourisme de masse, mais les villages alentour comme Kamoyvaer, par exemple ainsi que le relief naturel de l’île : ses bosses, ses valons, l’herbe tendre et la lumière phosphorescente, cette lumière unique et permanente. Là-bas, j’ai le sentiment d’être au bout du monde. Alors, je m’assois sur n’importe quelle pierre, je respire amplement et je regarde le paysage. Cela suffit à me rendre heureux, je suis quelqu’un d’assez contemplatif.

Vous animez des conférences en France maintenant, les pays du Nord ne vous manquent pas ?

Si, bien sûr, ils me manquent et c’est pourquoi j’y retourne dès que c’est possible. Ma femme et moi avons passé quelques jours cet hiver à Kiruna en Laponie suédoise et nous allons essayer d’aller nous promener cet été du côté du Jotunheimen en Norvège. J’aimerais lui montrer l’auberge d’Elveseter qui est la maison de mon petit héros dans la « Magnus saga ».

L'hôtel Elveseter
L’hôtel Elveseter

Donc la maison de Magnus existe vraiment ? Quelle est la part de réel et d’imaginaire dans vos livres ?

La vie de Magnus est totalement imaginaire, mais les lieux dans lesquels il voyage et les événements historiques auxquels il participe sont tout à fait réels. Le lecteur voyage avec Magnus dans l’histoire scandinave, avec un grand H et parfois, un plus petit.

Vous écrivez des livres pour enfants, envisagez-vous d’écrire des livres pour les plus grands ?

Oui, d’ailleurs, c’est déjà fait. « Amère Baltique » est un polar pour un public adulte ; certaines de mes nouvelles ont un style sombre, un peu dans l’esprit de Poe. Mais j’aime écrire de la littérature jeunesse. J’ai un rapport assez idéaliste à l’enfance. Les projets à venir, après Magnus, vont plus vers un public adulte, mais je compte poursuivre avec l’illustrateur Godo, notre travail sur les contes. J’adore ce qu’on arrive à faire dans ce domaine et il y a tellement de contes dans le vaste monde !

Le troisième tome de Magnus est prévu à quelle date ? Vous avez déjà commencé l’écriture ? Vous pouvez nous en parler un peu ?

Plusieurs scénarios sont en cours, l’architecture d’ensemble n’est pas encore terminée, donc je ne préfère pas trop en parler, c’est encore un peu tôt. Ce que je peux vous dire par contre, c’est que de savoir que des lecteurs fidèles l’attendent est un vrai bonheur et un moteur très stimulant.

Laurent Peyronnet, extrait de la Saga de Magnus
Laurent Peyronnet, extrait de la Saga de Magnus

Depuis quand travaillez-vous avec Godo ? Parlez-nous de votre rencontre et votre collaboration ?

C’est Danica Urbani, la directrice des Éditions Dadoclem qui nous a mis en contact en 2011. Elle voulait que Magnus soit un roman jeunesse réellement illustré, c’est-à-dire, pas seulement avec un dessin ou deux, mais une quinzaine de pleines pages couleurs + plein de petits croquis explicatifs en noir et blanc dans les marges. Il fallait trouver un illustrateur qui ait à la fois un univers poétique riche et aussi la capacité de réaliser des dessins historiquement précis, sur les costumes, les décors, les paysages, car Magnus repose sur des éléments historiques réels et a une vraie vocation pédagogique, en marge de l’aventure elle-même. Ce n’était pas facile de trouver quelqu’un qui réunisse ces deux qualités. Après avoir étudié le style de pas mal d’illustrateurs, Danica m’a envoyé le travail de Godo. C’est comme ça que j’ai fait sa connaissance. J’ai tout de suite aimé son univers graphique et lui s’est montré intéressé pour travailler sur les thèmes scandinaves du roman. Après, au fil de la réalisation du premier livre, j’ai découvert en lui quelqu’un de très agréable à vivre et toujours partant pour de nouvelles idées. Du coup, on en est à notre quatrième livre ensemble et on en prépare au moins un cinquième. Nous avons même entamé avec Askeladen et le pari contre le troll et Nats Éditions qui édite ce conte, une nouvelle forme de collaboration : le CD. Je raconte le texte en faisant les voix des personnages, le père, les enfants, le héros, le méchant troll et Godo peint une fresque musicale autour du récit, car il est aussi musicien. Pour l’avenir, nous allons, d’ici quelques semaines, nous pencher sur les premières planches de Magnus 3.

Laurent Peyronnet, extrait de la Saga de Magnus
Laurent Peyronnet, extrait de la Saga de Magnus

Où pouvons-nous vous rencontrer ces prochaines semaines, prochains mois ?

J’ai donné une conférence sur la mythologie viking il y a quelques semaines au festival L’orée des légendes. Je vais participer à un débat public le mercredi 8 juin à la librairie Decitre de Saint-Genis-Laval (69) sur le thème « Littérature jeunesse et voyage ». Je ferais deux animations autour du conte Askeladen et le pari contre le troll lors du festival Les féeries du bocage les 4 et 5 juin, une le samedi et une le dimanche à 13h30. Deux journées de dédicaces sont prévues les 25 et 26 juin à la boutique Mandragore à Lyon. Ensuite, je vais surtout me concentrer sur l’écriture de Magnus 3. Le prochain rendez-vous public aura lieu le 10 septembre pour une conférence sur le troll à travers les différentes époques de l’histoire norvégienne.

Interview de Laurent Peyronnet réalisée par Laëtitia

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