Snøball a écrit:
Et au fond, tel est bien le problème: la Norvège a été privée de langue écrite nationale. En raison des 400 ans d'oppression culturelle danoise, au moment où le vieux norrois aurait dû prendre une forme écrite stable typiquement norvégienne, le danois a été imposé à la place. Les dialectes, certes, sont restés (c'est pour cela que Ivar Aasen les a pris comme base de travail, au moins les dialectes occidentaux), mais à l'écrit, rien que le danois. Après ces 400 ans de coupure (de l'union de Kalmar en 1397 à la fin de la domination danoise en 1814), il était bien évidemment trop tard pour retrouver la sève des racines linguistiques depuis si longtemps coupées.
Si la Norvège n'avait pas subi la domination danoise au moment de la fixation de l'écriture, on peut penser que le norvégien ressemblerait à l'islandais d'aujourd'hui, qui descend directement du norrois sans influence extérieure notable. Une belle langue, mais plutôt difficile.
Snøball, ce que tu racontes sur l'oppression culturelle danoise est largement exagéré, voire historiquement faux.
Il n'y a pas eu d'oppression culturelle danoise dans le sens commun du mot oppression. Tous les Norvégiens ont continué à utiliser la langue qu'ils maitrisaient et à la transmettre à leurs descendants. La raison principale de la disparition du norrois est l'effondrement du nombre de lettrés à la suite de la Peste noire de 1349. Déjà avant l'union avec le Danemark (1380), le norrois était en perte de vitesse et en transformation vers le "norvégien moyen". L'imposition par Copenhague du luthéranisme en 1537 et la traduction de la Bible du latin en danois, mais pas en norvégien, ont accéléré le processus de fusion entre le norvégien moyen (langue) et le danois. En sont résultées deux langues écrites au XIXe siècle: le riksmaal, langue de l'élite urbaine et cultivée, très proche du danois, et le landsmaal, plus proche des parlers des paysans de l'ouest du pays.
L'Islande a bénéficié de son insularité, malgré le fait qu'elle aussi a été en union politique avec le Danemark, comme la Norvège (dont elle était une dépendance).
La preuve de la non-existence d'une oppression culturelle danoise est le fait qu'Ivar Aasen avait des locuteurs sur lesquels il s'est appuyé pour construire son "landsmaal" au milieu du XIXe siècle.
Pour ceux qui comprennent le norvégien, je conseille la lecture des articles sur l'histoire de la langue norvégienne: [url]https://snl.no/norsk_språkhistorie[/url]